Le séisme commence par un écho dans Charlie Hebdo, révélant mercredi la perquisition, amplifié par le Temps, grand journal suisse. Djouhri, qui ne communique habituellement que par papier bleu (plaintes en diffamation ou droits de réponse adressés aux journaux ayant l'outrecuidance d'évoquer son CV), monte personnellement au créneau et lache cette Nike Tn Pas Cher petite phrase ironique au site internet Mondafrique pour relativiser la perquisition : ?C'est un coup d'épée dans l'eau. Il ne manquait plus qu'un porte-avions sur le lac [Léman] et des hélicos dans le ciel.? Tra?abilité. La justice fran?aise a l'esprit d'escalier. Le juge d'instruction Serge Tournaire est initialement chargé de l'affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy (en?2007), potentiellement alimentée par Muammar al-Khadafi. Des dignitaires libyens entre-temps déchus (son fils, son ancien Premier ministre, son ancien chef des services secrets…) confirment, Mediapart publiant un document paraissant l'attester. Mais sans plus de tra?abilité financière à ce stade. De fil en aiguille (et via une perquisition dans l'affaire Tapie), les enquêteurs dénichent un curieux virement de 500 000?euros Nike TN en faveur de Claude Guéant, daté de?2008. Que l'ancien numéro 2 de l'Elysée justifie au nom de la revente de deux tableaux d'un obscur peintre flamand du XVIIe?siècle, alors que ces cro?tes sont au mieux évaluées 50 000?euros par Sotheby's. L'acheteur, un avocat malais, avait préalablement per?u la même somme d'un antique Nike TN intermédiaire saoudien, Khalid Bugshan, très actif dans la bonne vieille affaire Sawari?II, concernant la vente de frégates militaires à l'Arabie Saoudite au milieu des années?90. Ce qui nous ramène à la guéguerre Chirac-Balladur, les commissions occultes étant réorientées d'un réseau à l'autre (lire Libération du 9?mars). Ziad Takieddine, intermédiaire balladurien déchu, ne cesse depuis de proclamer qu'Alexandre Djouhri - alors chiraquien en diable, avant de virer sarkozyste sur le tard - aurait bénéficié du nouveau flux occulte. Sans preuve formelle, là encore. La perquisition chez Djouhri, ayant été doublée d'une autre chez un banquier suisse (Wahib Nacer) très actif dans l'affaire Sawari?II, tendrait à démontrer que les enquêteurs privilégient la piste saoudienne à la filière libyenne. Sans préjudice de pêche miraculeuse, tn pas cher noir et rose 53?policiers suisses étant mobilisés pendant plusieurs jours, selon le parquet de Genève, confirmant que la descente de police visait bien une ?problématique de versement de commissions?. Mais le diable sait si les enquêteurs ne seraient pas tombés par hasard sur des éléments concernant l'exfiltration de Béchir Saleh, portefeuille encore vivant du colonel Khadafi, réfugié en France après la chute du dictateur puis réexpédié en Afrique du Sud dans l'entre-deux tours de la présidentielle de?2012. Djouhri avait piloté en direct sa mise au vert, comme l'avaient alors narré les Inrockuptibles. ?Coup politique?. Complotiste en diable, Alexandre Djouhri dénonce ?un coup politique monté par le duo Manuel Valls-Alain Bauer?. Le second, spécialiste des questions policières, ironise : ?Cela m'a fait éclater de rire. Comme si c'était Cheap Jordan Shoes notre principale préoccupation. Il doit manquer bien des membres à cette bande de conspirateurs…? Djouhri, bien connu de nos lecteurs (lire Libération des 28?et 29?janvier?2011), ne supporte pas qu'on le qualifie d'intermédiaire. Il préfère l'étiquette plus seyante de ?développeur?. Osons le terme go-between et chiche qu'il nous envoie un énième droit de réponse sur ce point. Il fut longtemps protégé par les services fran?ais. Il y eut cette extravagante attestation de moralité délivrée par Bernard Squarcini, patron du renseignement intérieur sous Nicolas Sarkozy : ?Rien de défavorable n'a pu être démontré concernant l'intéressé.? Suivie de cette fiche estampillée ?confidentiel défense? : ?Individu à ne pas appréhender, signaler présence et informer service.? Manifestement, les temps ont changé.
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