jeudi 23 octobre 2014

La littérature prend sa pause

Récemment, un éditeur faisait ­reproche TN Requin au « Monde des livres » de ne pas choisir son camp : quand on lit ce supplément, disait-il en substance, on ne sait pas quelle école littéraire vous défendez. De fait, notre équipe est composée de plumes aux sensibilités variées, et notre parti pris consiste à favoriser ce pluralisme des approches et des regards. Ainsi avons-nous pu mettre à l’honneur des écrivains aussi différents que Yasmina Reza et Céline Minard, Catherine Millet et ­Jérôme Ferrari, Christine Angot et Pierre Lemaitre, Yannick Haenel et Dominique Noguez, Alexis Jenni et Guillaume ­Dustan…
Il s’agit moins de déserter un champ de bataille que de faire droit à la diversité, réelle et heureuse, d’un vaste paysage. Nous escortons des textes, nous en écartons d’autres. Mais bien malin qui pourrait tracer aujourd’hui une ­ligne de force séparant des camps constitués. N’en déplaise aux esprits belliqueux, toujours nostalgiques d’un temps où la guerre faisait rage, il y a sur ce front une accalmie. Une pause.
Nous nous reconnaissons donc parfaitement TN Pas Cher dans le panorama de la littérature française contemporaine que deux jeunes auteurs, l’écrivain Jean-Baptiste Gendarme et l’illustrateur Alban Perinet, publient sous le titre La Pause, justement (Calmann-Lévy, 196 p., 18,90 €). Plusieurs des dessins qui la composent sont déjà parus dans l’excellente revue Décapage. Chaque auteur aimé y est présenté sous la forme de saynètes sensibles et souvent drôles : penchées sur une poussette, deux copines évoquent Annie Ernaux ; un pilote recommande Philippe Forest à une hôtesse de l’air ; en pleine strangulation, des catcheurs dissertent sur Edouard Louis ; donnant un petit pot à son fils, un jeune père lui parle d’Arnaud Cathrine…
Forcément partial, ce panorama n’aspire qu’à une chose, donner envie de lire, transmettre des enthousiasmes. Il le fait avec une générosité joueuse et joyeuse, retrouvant ce principe Nike Tn jadis théorisé par le grand Albert Thibaudet (1874-1936)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire